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étoit à Sedan, pour avoir communication avec eux.

Le duc de Bouillon estima toujours que personne ne pouvoit mieux servir la Reine en cette occasion que le duc d’Epernon ; que comme il pouvoit plus commodément que personne la retirer de Blois pour la recevoir à Loches, qui n’en est qu’à treize lieues, et de là la conduire à Angoulême, personne ne pouvoit aussi mieux que lui faire une puissante diversion du côté de Champagne, à cause de l’excellente place qu’il avoit, et la commodité qu’il avoit d’avoir des étrangers, soit de Hollande, soit d’Allemagne, où il avoit l’alliance qu’on sait qu’il a avec l’électeur Palatin et le prince d’Orange, soit de Liége, dont les terres sont contiguës à celles de sa principauté.

Mais il se rencontroit de grands obstacles en ce projet qui se faisoit pour la liberté de la Reine. Les ducs d’Epernon et de Bouillon étoient si mal ensemble qu’ils ne pouvoient prendre confiance l’un à l’autre : ils avoient si mauvaise opinion de Russelay, tant parce qu’il étoit étranger qu’à cause de la légèreté, vanité et mauvaise conduite qu’il avoit témoignées en tous les lieux et en toutes sortes d’occasions, qu’ils ne vouloient prendre aucune confiance en lui. D’autre part, le duc de Bouillon ne faisoit jamais rien sans argent, et, qui plus est, le duc d’Epernon et lui en avoient besoin pour une telle entreprise : la Reine n’en avoit point, tant parce que, pendant sa régence, elle n’avoit pas été fort soigneuse d’en amasser, que pour ce qu’elle avoit confié ce qu’elle en avoit mis à part, entre les mains de la grande-duchesse de Florence, qui gouvernoit alors l’État de son fils qui étoit mineur ; qu’elle, bien éloignée de la secourir du sien