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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/589

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teau d’Angers, le Pont-de-Cé et Chinon, et en 600 000 écus qui furent accordés à Sa Majesté pour les frais qu’elle avoit faits en cette occasion.

Ce traité fut conclu le dernier d’avril ; le Roi le reçut à Saint-Germain-en-Laye le 2 de mai, et cinq jours après partit pour aller en Touraine, afin d’être plus proche d’Angoulême et faciliter l’exécution de ce qui avoit été promis.

Le gouvernement de Normandie, qu’avoit la Reine, fut absolument désiré, parce que le sieur de Luynes avoit dessein de le faire donner au duc de Guise pour celui de Provence ; mais, ne le pouvant, il tâcha de l’échanger pour celui de Bretagne, dont ne pouvant encore venir à bout, enfin il en eut la Picardie, où il avoit déjà quantité de places : et ce grand établissement ne semblera étrange, quand on saura qu’en même temps il offrit de tirer plus d’un million et demi de livres des coffres du Roi, pour avoir certaines places de telle considération qu’on les peut dire les portes de la France à tous les étrangers.

Jamais accord ne fut conclu plus à propos, car Annibal étoit aux portes, puisque les troupes du Roi étoient déjà proche d’elle, et que s’il eût passé outre la Reine eût été contrainte, pour éviter de s’enfermer dans une ville dont on devoit prévoir le siége, de se retirer à Xaintes, ou pour y demeurer, ou au moins pour passer de là en Brouage ; ce qui eût causé sa perte indubitable, ayant su depuis certainement qu’un avis qui dès lors lui fut donné de l’infidélité du gouverneur de Xaintes étoit très-véritable : il y avoit si peu d’apparence de le croire, vu que ledit gouverneur avoit été nourri du duc d’Epernon, qu’il