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duc de Florence en le mettant en possession des places qu’il prétend lui être usurpées par les Espagnols, les ducs de Parme et de Modène en les accroissant en leur voisinage, et Mantoue en le récompensant grassement du Montferrat par le Crémonais.

Pour plus facilement exécuter ce grand dessein, il vouloit passer en Flandre, donner ordre aux troubles arrivés à Clèves et à Juliers par la mort du prince qui en étoit duc, allumer la guerre en Allemagne, non à dessein d’y chercher quelque établissement au-delà du Rhin, mais pour occuper et divertir les forces de ses ennemis.

Peut-être que l’appétit lui fût venu en mangeant, et qu’outre le dessein qu’il faisoit pour l’Italie il se fût résolu d’attaquer la Flandre, où ses pensées se portoient quelquefois, aussi bien qu’à rendre le Rhin la borne de la France, y fortifiant trois ou quatre places. Mais, pour lors, son vrai dessein étoit d’envoyer le maréchal de Lesdiguières, avec quinze mille hommes de pied et deux mille chevaux, en Italie, dont l’amas étoit déjà presque fait dans le Dauphiné, pour joindre avec le duc de Savoie, qui devoit envoyer dix mille hommes de pied et mille chevaux, commencer l’exécution de son dessein en Italie au même temps qu’il passeroit actuellement en Flandre et à Juliers avec l’année qu’il avoit en Champagne, qui eût été de vingt-cinq mille hommes de pied et trois mille chevaux.

Le sujet de Juliers étoit assez glorieux pour être le seul motif et l’unique cause de son entreprise ; car, en effet, le duc de Clèves étant mort, et n’ayant laissé que deux filles héritières de ses États, l’aînée des-