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continuoit toujours à parler, non-seulement mal à propos dudit duc, mais de la Reine. Il veut pratiquer une de ses femmes plus confidentes contre son service, et lui offre 30 000 livres pour être averti par elle de toutes les paroles et actions de la Reine qu’elle jugeroit dignes de remarque. Il l’accuse d’ingratitude en son endroit, représente que sans lui elle seroit encore à Blois ; que le duc de Bouillon, le cardinal de Guise, le prince de Joinville, n’étoient ses serviteurs qu’en sa considération. Il se laisse aller jusqu’à cet excès d’insolence, parlant à Chanteloube, que de lui dire qu’autrefois le domaine de Toscane, possédé par ceux de la maison de la Reine, étoit à ses prédécesseurs.

Chauteloube fait ce rapport à la Reine ; les mécontentemens croissent de toutes parts enfin Russelay étant assuré d’être bien reçu à la cour, par les négociations qu’il y avoit fait faire, un jour, comme j’étois à une lieue d’Angoulême, on me vint dire que Russelay avoit demandé son congé, et que la Reine le lui avoit accordé. Je vins aussitôt à Angoulême, et n’y fus pas plutôt arrivé, que je trouvai Sardini en mon logis, qui me vint proposer de raccommoder Russelay avec la Reine, par le moyen de quoi je l’acquerrois ami pour jamais, au lieu que jusqu’à présent il avoit été mon ennemi. Je lui répondis que je tiendrois à faveur de le servir, mais non pas aux dépens de mon maître ; que, pour son amitié, j’avois bien connu que je n’étois pas assez heureux pour la pouvoir avoir à conditions raisonnables, et que je n’étois pas aussi assez fou pour la vouloir acheter à un prix injuste, comme celui de la perte des bonnes