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grâces de la Reine ; mais que je m’emploierois auprès d’elle pour qu’elle le traitât en sorte que chacun reconnût qu’il auroit sujet de se louer d’elle.

Et de fait, je m’en allai de ce pas proposer à la Reine de lui donner 100 000 liv. pour reconnoissance de ce qu’il pensoit avoir contribué à son service : ce que Sa Majesté trouva bon, et lui envoya le sieur de Sardini pour l’assurer qu’à Paris il les toucheroit. Russelay se trouva si surpris de cette libéralité, qu’il n’attendoit pas, que sur-le-champ il ne put se résoudre ni à l’accepter, ni à la refuser ; mais il pria Sardini, et quelques autres qui lui en parlèrent, qu’il lui fût libre de faire l’un ou l’autre quand il seroit à Paris.

Incontinent que sa réponse fut sue, nous jugeâmes bien qu’il en usoit ainsi pour ne rien faire que ce qui lui seroit conseillé en ce sujet par le sieur de Luynes, vers lequel il appréhendoit que cette gratification de la Reine ne lui pût nuire. Ainsi Russelay se sépara de la Reine, et, au lieu de se retirer chez lui, ce qu’il devoit faire s’il eût eu de l’honneur, il se retira à la cour, comme s’il eût voulu justifier à tout le monde l’intelligence qu’il avoit eue de tout temps avec Luynes, qui lors étoit ennemi de la Reine.

Sa retraite, qui avoit été précédée du marquis de Mosny, qui, quinze jours auparavant, s’étoit retiré par complot fait avec lui, sous prétexte du refus que la Reine lui fit du gouvernement d’Angers, fut suivie de quelques autres personnes de peu de considération.

Jamais esprit n’eut tant de divers desseins, tous mal fondés, dans la tête, que ce pauvre homme témoigna en cette occasion. Il exerça la charge de se-