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erreurs naissantes parmi les protestans, écrivit incontinent à messieurs des États, leur remontre l’importance de cette nouveauté, qui séparera les cœurs de leurs peuples aussi bien que leur créance. Mais, nonobstant tous ses efforts, la négligence que messieurs les États apportèrent en ce sujet, fit que cette opinion gagna en peu de temps presque toute la Hollande, Utrecht, West-Frise et Over-Yssel, et ce par l’autorité de Barneveldt, avocat général des états de Hollande et West-Frise, qui avoit été imbu de cette opinion à Heidelberg, il y avoit plus de trente ans. Sous son autorité ils prirent tel courage, qu’ils levèrent des gens de guerre dans les villes pour leur sûreté, lesquels ils appelèrent Attendans, comme étant en attente pour les défendre si on les vouloit attaquer.

Leurs ennemis firent trouver cette action mauvaise, particulièrement au comte Maurice, comme étant uni attentat contre son autorité qui devoit être absolue au fait des armes, prenant un de leurs prétextes sur ce qu’ils ne portoient pas ses livrées, qui étoient l’orangé. Le comte Maurice, qui jusqu’alors n’avoit point eu la puissance de Barneveldt suspecte, ni n’en avoit point eu de jalousie, d’autant qu’il l’employoit toute à maintenir et à augmenter son crédit et autorité dans les États, commença à l’envier dès qu’il vit qu’il se soustrayoit de sa dépendance, et agissoit à part, non-seulement sans son avis, mais contre sa volonté.

Des libelles commencèrent à courir parmi le peuple contre Barneveldt, qu’on accusoit d’être étranger de la province de Hollande, et de s’être enrichi dans sa charge, ce qui ne pouvoit être que par mauvais moyens. Il fait son apologie, mais elle n’est pas reçue