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cause de sa grandeur, le maintenant toujours bien avec messieurs les États en toutes rencontres èsquelles il y avoit eu entre eux quelque mésintelligence, ayant été jusqu’à trente-deux fois député de leur part vers lui dans leurs armées, après tant de services rendus, et y avoir employé tout le temps de sa vie, être, pour récompense, mis prisonnier par celui qui lui étoit plus redevable au milieu de l’État qui lui étoit obligé de la meilleure partie de sa prospérité.

Le Roi s’y intéressa, et pour l’honneur des États et pour l’amour de Barneveldt, et pour ce aussi qu’entre les crimes qu’on lui mettoit à sus, celui d’avoir eu quelque intelligence avec les ambassadeurs de Sa Majesté en étoit un. Le sieur de Boissise fut envoyé ambassadeur extraordinaire pour ce sujet, et exposa aux États, le 12 de décembre, le motif et les raisons de son envoi, leur représentant que si Barneveldt et les autres prisonniers étoient véritablement coupables du crime de trahison et d’intelligence avec les ennemis, il étoit raisonnable qu’ils fussent punis selon la rigueur des lois ; mais qu’il étoit juste aussi de considérer que ces crimes étoient si atroces en eux-mêmes, que les États bien policés les jugeoient réduits à certains faits outre lesquels on ne les devoit pas étendre, ni les tirer par des conséquences à d’autres actes qui ne sont pas de cette qualité-là ; et partant, que les contentions, les jalousies et l’ambition entre les personnes d’autorité, desquelles naissent souvent plusieurs inconvéniens aux États, ne sont néanmoins pas imputés à crime de trahison contre l’État, pour ce qu’on la doit juger par la volonté, non par l’événement ; que Barneveldt avoit rendu tant de té-