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moignages de sa fidélité, qu’il étoit difficile de croire qu’après cela il eût conspiré la ruine de sa patrie ; qu’il étoit important qu’on lui donnât des juges non suspects, et qu’ils ne le jugeassent pas sur de simples conjectures, étant chose certaine qu’il y a beaucoup de choses apparentes qui ne sont pas véritables, et beaucoup de véritables qui n’ont pas de vraisemblance ; enfin que le conseil de Sa Majesté étoit qu’on le traitât favorablement, selon la bonne coutume des républiques libres, qui, même ès plus grands méfaits, ont fait difficulté d’épandre le sang des citoyens, conservant pour une des principales marques de liberté de ne toucher pas facilement à leur vie ; que si les États choisissoient la voie de la douceur en ce fait-ci, Sa Majesté leur en sauroit un gré particulier, comme elle tiendroit à offense le peu de respect qu’ils lui auroient rendu s’ils faisoient le contraire.

Les États firent réponse, le 19 de décembre, qu’ils suivroient en ce jugement la voie de la douceur et de la clémence, à laquelle la condition de leur république les porte, tant que la sûreté de leur État leur pourra permettre, ne croyant pas néanmoins que, quel que pût être l’événement de ce procès, Sa Majesté en puisse être offensée, préférant les sollicitations de quelques particuliers à la conservation de leurs provinces. Ils y ajoutèrent une plainte non légère, que Sa Majesté avoit défendu aux huguenots de leur État de se trouver au synode qu’ils avoient assemblé ; et sans perdre temps ils continuèrent, à La Haye, à faire le procès audit Barneveldt et aux autres prisonniers qui étoient avec lui, et ce par vingt-six juges qu’ils choisirent dans les sept Provinces-Unies,