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qu’il trouvera sincère en son endroit, il n’étoit question qu’à lui donner des effets de son affection aux occasions qui se présenteront ; que je savois certainement ses intentions être entières pour le Roi, et que ses désirs n’avoient autre but que la paix et le repos de cet État ; qu’il pouvoit être certain d’avoir une vraie part en son affection, et que si d’autres lui persuadoient le contraire, c’étoient artifices de personnes qui, sous couleur de l’aimer, lui vouloient porter préjudice.

Cinq jours après que je fus parti, la Reine suivit, et vint trouver le Roi. Toute la France est ravie de voir la réunion de deux personnes qui, unies par nature, ne peuvent être séparées que par des horribles artifices. Couziers ôte à Tours le bonheur de cette entrevue. La Reine y étant arrivée le soir, le Roi s’y rendit le matin ; si grande affluence de peuple s’y rencontre, que le logis ne la pouvant contenir, le jardin fut le lieu de cette première vue. Une joie paroît très-grande au visage du Roi, les larmes de la Reine parlent à son fils, elle l’embrasse tant de fois qu’elle lui baigna le visage ; peu de personnes purent contraindre les leurs : tout est en alégresse, vraie cause de ces larmes. La Reine arrive peu après avec les princesses vers la Reine sa mère. L’après-dînée on va à Tours, où quelques jours se passent avec grands témoignages d’amour entre la mère et le fils. Cela ne plaît pas trop aux favoris, qui, pour leur intérêt particulier, estiment à propos de rompre cette intelligence nécessaire au bien de l’État. Ils ont l’œil au Roi autant qu’ils peuvent : s’il va chez la Reine, un d’entre eux y est toujours présent ; s’il s’approche