Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/613

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fensent le plus, elle dit que la principale raison qui l’arrête est que ceux qui l’ont servie ne sont point rétablis dans leurs charges, et que son honnenr et sa conscience l’obligent de ne partir du lieu où elle est jusques à ce que cela soit, étant obligée de penser à leur repos premièrement qu’au sien. Néanmoins enfin, le sieur de Brantes l’étant venu trouver de la part du Roi, elle se résolut de partir, ce qu’elle fit le 14, et arriva le 16 à Angers, non contente des raisons que Brantes lui avoit apportées de la liberté qu’ils avoient résolu de donner à M. le prince ; car elle savoit bien qu’ils ne la lui rendoient que pour le lui opposer, et que leur premier dessein avoit été de les arrêter tous deux, espérant que, les tenant l’un et l’autre en leur puissance, il n’y avoit personne dans le royaume qui osât entreprendre quelque chose contre leur contentement. Et dès qu’ils eurent nouvelle de sa sortie de Blois, et qu’ils perdirent espérance de la pouvoir tenir arrêtée, ainsi qu’ils eussent désiré, lors, craignant que les partisans de M. le prince se missent du côté d’elle, pour éviter ce péril ils l’envoyèrent incontinent assurer qu’aussitôt que les affaires seroient accommodées avec elle ils l’ôteroient de prison, et firent publier ce dessein par tout le royaume ; ce qui étoit proprement armer M. le prince de haine contre elle, et sembler l’obliger non-seulement à les aimer, mais à les servir avec animosité en tous leurs injustes intérêts contre elle. Elle ne témoigna néanmoins pas avoir désagréable cette action-là, mais se remit à eux et au conseil qui étoit auprès du Roi à juger de cette affaire, reconnoissant que ce n’étoit pas aux personnes éloignées comme