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elle étoit à donner son avis en une chose si importante, pour laquelle délibérer il falloit être averti ponctuellement de l’état de toutes les affaires du dedans et du dehors du royaume, ce qu’elle n’étoit pas.

Au reste, qu’elle ne fait point de doute qu’on ne puisse en un temps changer avec prudence les conseils qu’on a pris en un autre avec juste considération.

M. le prince est ensuite délivré le 20 d’octobre, et vient saluer le Roi à Chantilly. Si messieurs de Luynes lui procurèrent avec affection la liberté, la Reine la sollicita non moins justement pour Barbin, que depuis un an ils avoient resserré dans la Bastille avec des rigueurs incroyables, nonobstant l’arrêt donné contre lui un an auparavant à leur poursuite, par lequel il avoit été condamné à être banni. Ils reconnoissoient en cet homme une si forte passion au service de la Reine, une si grande intégrité en son procédé durant le temps de son administration, un courage si ferme et une si grande liberté de parler, avec un si vif ressentiment des injustices qu’ils lui avoient faites, qu’ils avoient résolu de le laisser mourir en la Bastille. Mais la Reine fit tant d’instances pour lui qu’ils ne s’en purent enfin dégager, et commandèrent qu’après lui avoir encore une fois lu son arrêt on lui ouvrît les portes de la Bastille.

Barbin se plaignant du mauvais traitement qu’il avoit reçu, Maillac, lieutenant de la Bastille, lui montrant une lettre du sieur de Brantes, par laquelle il lui donnoit charge de lui faire ses recommandations, et lui dire que c’étoit tout ce que le sieur de Luynes et lui avoient pu faire jusqu’alors en sa faveur, et que bientôt il ressentiroit les effets de leur