Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/81

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sont souvent les moins hardis et les moins assurés, il fut d’abord impossible de lui donner la résolution nécessaire à cet effet.

Il se représentoit que, quelque temps auparavant, il avoit parlé ouvertement contre Conchine, sur ce que n’ayant pas voulu laisser ses éperons, entrant au palais, les clercs s’en étoient tellement offensés qu’animés sous main par quelques personnes qui ne croyoient pas déplaire an Roi, ils s’attroupoient par la ville et faisoient contenance de chercher Conchine, pour tirer raison de l’injure qu’ils estimoient leur avoir été faite. Les images qu’il avoit présentes de ce qui s’étoit passé en ce rencontre, et le souvenir qu’en toutes les brouilleries qui avoient été entre don Joan, oncle naturel de la Reine, et ledit Conchine, il avoit, au moins de paroles, suivant l’exemple du feu Roi et son inclination, favorisé le premier contre le dernier, le troubloient de telle sorte, qu’encore que pendant la vie du feu Roi il eût toujours eu particulière intelligence avec la Reine, il fut long-temps sans pouvoir s’assurer.

Sur le soir, Saint-Géran qu’il avoit obligé, et qui témoignoit être fort de ses amis, l’étant venu trouver, il le fit résoudre à quitter son Arsenal et aller au Louvre.

Comme il fut à la Croix du Trahoir, ses appréhensions le saisirent de nouveau, et si pressamment, sur quelque avis qu’il reçut en ce lieu, qu’il s’en retourna, avec cinquante ou soixante chevaux qui l’accompagnoient, à la Bastille, dont il étoit capitaine, et pria le sieur de Saint-Géran d’aller faire ses excuses à la Reine, et l’assurer de sa fidélité et de son service.