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Pendant ces incertitudes du duc de Sully, le chancelier[1], le sieur de Villeroy et le président Jeannin, travailloient au Louvre à penser ce qui étoit le plus nécessaire en un tel accident.

Aussitôt qu’ils eurent un peu affermi l’esprit de la Reine, ils se retirèrent dans le cabinet aux livres, où les secrétaires d’État et le sieur de Bullion, qui dès lors étoit employé par le Roi en diverses occasions, se trouvèrent aussi.

On proposa tout ce qui se pouvoit faire pour assurer l’État en un tel changement, et si inopiné qu’il surprenoit tout le monde.

Tous demeurèrent d’accord que la régence de la Reine étoit le moyen le plus assuré d’empêcher la perte du Roi et du royaume, et que, pour l’établir, il n’étoit question que de mettre en effet, après la mort de ce grand Roi, ce qu’il vouloit pratiquer durant sa vie.

Il n’y avoit pas un de ces messieurs qui n’eût certaine connoissance de l’intention qu’avoit ce prince de laisser la régence à la Reine pendant son voyage.

Ils savoient tous semblablement qu’il n’eût pas oublié, dans le pouvoir qu’il lui en eût laissé, de la déclarer telle au cas qu’il plût à Dieu l’appeler de ce monde pendant son voyage.

La pratique ordinaire le requéroit ainsi, et la raison ne lui eût pas permis d’en user autrement, étant certain que, s’il jugeoit son gouvernement utile pendant sa vie, il l’eût assurément jugé nécessaire après sa mort.

  1. Le chancelier de Sillery. Il scroit inutile de répéter les détails qu’on a déjà donnés sur Sillery, sur Villeroy, sur Jeannin, et sur les autres ministres de Henri iv, dans les notes des Mémoires de Sully.