Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avenir, la privent de repos presque neuf nuits consécutives.

Elle s’emploie à la perquisition des complices de celui qui, donnant la mort au Roi, l’avoit privée de la douceur de sa vie. On avoit expressément garanti ce misérable de la fureur du peuple, afin qu’en lui arrachant le cœur on découvrît la source de son entreprise détestable.

Ce monstre fut interrogé par le président Jeannin et le sieur de Boissise, personnages du conseil des plus affidés à ce grand prince, qui les avoit toujours employés ès plus importantes affaires de l’État.

Par après il fut mis entre les mains du parlement de Paris, ce qu’il suffit de rapporter pour faire connoître qu’on n’oublia rien de ce qui se pouvoit pour savoir l’origine de ce forfait exécrable. On ne put tirer de lui autre chose, sinon que le Roi souffroit deux religions en son État, et qu’il vouloit faire la guerre au Pape, en considération de quoi il avoit cru faire une œuvre agréable à Dieu de le tuer ; mais que depuis avoir commis cette maudite action il avoit reconnu la grandeur de son crime.

Il est interrogé à diverses fois ; on l’induit par espérance, on l’intimide par menaces, on lui représente que le Roi n’est pas mort ; on se sert de tourmens et de peines pour arracher de lui la vérité ; il est appliqué à la question extraordinaire la plus rigoureuse qui se donne.

D’autant qu’on juge que, sur le point qu’on doit partir de ce monde[1], rien n’est plus fort que les considérations de la vie ou de la mort de l’ame immortelle,

  1. Perfecto demum scelere magnitudo ejus intellecta est. Tacit. I. 14