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suite de ce que dessus, il permit que sa confession fût révélée à tout le monde, pour donner plus de connoissance de la vérité de ce fait.

En un mot, toutes ses réponses et toutes ses actions font que cet auguste sénat, qui avoit examiné sa vie pour condamner son corps, et ces deux docteurs, qui l’avoient épluchée pour sauver son ame, conviennent en cette croyance, qu’autre n’est auteur de cet acte que ce misérable, et que ses seuls conseillers ont été sa folie et le diable.

Il y eut, à mon avis, quelque chose d’extraordinaire en la mort de ce grand prince ; plusieurs circonstances, qui ne doivent pas être passées sous silence, donnent lieu de le croire. La misérable condition de ce maudit assassin, qui étoit si vile que son père et sa mère vivoient d’aumônes, et lui de ce qu’il pouvoit gagner à apprendre à lire et à écrire aux petits enfans d’Angoulême, doit être considérée en ce sujet ; la bassesse de son esprit, qui étoit blessé de mélancolie, et ne se repaissoit que de chimères et de visions fantastiques, rend la disgrâce du Roi d’autant plus grande, qu’il n’y avoit pas apparence de croire qu’un homme si abject eût pu se rendre maître de la vie d’un si grand prince, qui, ayant une armée puissante sur sa frontière pour attaquer ses ennemis au dehors, a, dans le cœur de son royaume, le cœur percé par le plus vil de ses sujets.

Dieu l’avoit jusques alors miraculeusement défendu de semblables attentats, comme la prunelle de son œil.

Dès l’an 1584, le capitaine Michau vint expressément des Pays-Bas pour l’assassiner.