Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
372
NOTICE

d’éducation qu’on avoit adopté pour elle ; et, dirigée par une gouvernante habile, elle acquit des goûts sérieux qui, joints à des connoissances solides, devoient, au milieu des orages qui se préparoient, la préserver des fautes et des disgrâces où furent entraînées un peu plus tard presque toutes les femmes de la cour.

En 1642, le duc de Longueville épousa en secondes noces Anne-Geneviève de Bourbon, sœur du duc d’Enghien, qui fut depuis le grand Condé. Mademoiselle de Longueville, qu’on commençoit à produire dans le monde à l’âge de dix-sept ans, fut d’abord très-bien avec sa belle-mère, qui n’avoit que six années plus qu’elle. Mais bientôt l’extrême différence des caractères répandit entre les deux princesses beaucoup de froideur : celle qui auroit dû donner l’exemple de la réserve et de la pratique des devoirs étoit vive, légère, étourdie, galante ; et celle qui auroit pu trouver dans son inexpérience l’excuse de quelques fautes s’acquit au contraire l’estime générale, par une conduite pleine de sagesse et de raison. Il résulta de cette position de petites jalousies, des propos malins, des dissensions domestiques qui, malgré la discrétion de mademoiselle de Longueville, percèrent plus d’une fois au dehors.

À l’époque de la mort de Louis xiii et de la régence d’Anne d’Autriche [1643], une multitude d’intrigues se formèrent ; mais la douceur du gouvernement rendit les premières années de cette administration aussi heureuses que tranquilles. Cependant les personnes habituées à observer voyoient que l’anarchie faisoit