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SUR LA DUCHESSE DE NEMOURS.

chaque jour de nouveaux progrès, et que des tempêtes politiques ne tarderoient pas à éclater. Mazarin, à qui la Régente abandonnoit la suprême direction des affaires, suivoit un système absolument opposé à celui de Richelieu : il vouloit obtenir par l’adresse ce que son prédécesseur avoit arraché par la force ; et, peu soigneux de se faire craindre, il ne cherchoit pas assez à se faire estimer.

Ce ministre, ne faisant donc presque aucune attention aux dangers dont il étoit menacé en France, appliquoit toutes ses pensées aux conférences diplomatiques qui étoient ouvertes en Westphalie. En 1646, il adjoignit le duc de Longueville à Servien et à d’Avaux, plénipotentiaires français. Mademoiselle de Longueville fit ce voyage avec son père et sa belle-mère. Elle s’aperçut bientôt que le premier n’avoit pas le secret de la négociation ; et ce défaut de confiance, qui lui parut une injustice, excita en elle de l’aversion pour Mazarin, mais ne lui fit pas perdre l’esprit de modération et de paix qui étoit dans son caractère ; car, malgré ses préventions contre les négociateurs, elle conçut de l’estime pour Servien, dont elle admiroit l’habileté et les vastes connoissances.

De grands troubles éclatèrent en 1648, à l’époque où Mazarin rendoit à la France le plus éminent service par la conclusion des traités de Westphalie, qui devoient être, pendant plus d’un siècle, la base du droit public de l’Europe. Le parlement de Paris se mit à la tête des factions armées contre le ministre : on renouvela les journées des Barricades, qui avoient eu, du temps de la Ligue, des suites si funestes ; et la cour,