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SUR LA DUCHESSE DE NEMOURS.

fut bien trompée. On ne voulut pas les recevoir à Rouen, et elles se réfugièrent à Dieppe, où elles ne trouvèrent qu’un asyle peu assuré. La cour se transporta peu de temps après dans la province avec des forces imposantes, et il fallut que les deux princesses prissent le parti de se rendre ou de fuir dans les pays étrangers. Il y eut à ce sujet de grandes disputes entre madame et mademoiselle de Longueville. La première, outrée de dépit, étoit résolue à se jeter entre les bras des Espagnols, et à se servir de leurs secours pour relever sa faction ; l’autre, au contraire, ne cherchoit qu’une occasion de rentrer dans la vie sédentaire qui avoit toujours eu pour elle beaucoup de charme, et d’obtenir un accommodement honorable. Après avoir conduit fort habilement cette petite négociation, mademoiselle de Longueville se sépara de sa belle-mère, qui, au milieu de mille dangers, parvint à s’embarquer pour les Pays-Bas, déguisée en homme.

Voici comment mademoiselle de Longueville raconte cette circonstance, l’une des plus importantes de sa vie. Après avoir parlé des illusions qui égaroient l’épouse de son père, elle ajoute : « Sa belle-fille, qui n’étoit pas tout-à-fait si préoccupée qu’elle de sa grande puissance, et qui d’ailleurs ne trouvoit pas qu’il fût de la dignité d’une personne de son rang de courir le monde, quand même elle n’auroit pas aimé son repos autant qu’elle l’aimoit ; et qui, par-dessus tout cela, étoit persuadée que sa présence ne pouvoit être d’aucune utilité à monsieur son père, demanda permission à madame sa belle-mère de s’en revenir à Paris : ce qu’elle ne lui accorda