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NOTICE

poussée à bout par des prétentions qui tendoient à l’anéantissement de l’autorité royale, fut obligée de quitter Paris dans la nuit du 6 janvier 1649, avec le projet, plus que les moyens, de réduire les rebelles par la force.

Mademoiselle de Longueville resta dans Paris avec sa famille ; et durant le blocus, tandis que sa belle-mère, encore à la fleur de la jeunesse et de la beauté, devenoit l’héroïne et l’idole des frondeurs, elle faisoit les réflexions les plus graves sur les suites que pouvoit avoir cette anarchie, ainsi que sur sa position qui la forçoit, malgré ses habitudes paisibles, à figurer en quelque sorte dans les premiers rangs d’une faction.

Une paix peu solide fut conclue au bout de quelques mois : le prince de Condé, qui avoit combattu pour la cour, se rapprocha bientôt de madame de Longueville ; et, poussé par elle, il ne tarda pas à se brouiller avec Mazarin. S’étant joint au prince de Conti son frère, et au duc de Longueville son beau-frère, il fit éprouver au ministre les affronts les plus sanglans ; et mademoiselle de Longueville se trouva encore entraînée par sa famille dans une cabale qui avoit pour but de détruire le pouvoir de la Régente. Mais les desseins de cette cabale, qui ne montra ni prudence ni habileté, furent tout-à-coup déconcertés par l’arrestation imprévue des trois princes [18 janvier 1650].

Il y eut en même temps des ordres pour s’assurer de madame et de mademoiselle de Longueville : les deux princesses eurent le bonheur de s’échapper, et elles arrivèrent en Normandie, dans l’espoir que le parlement se déclareroit en leur faveur. Leur attente