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SUR LA DUCHESSE DE NEMOURS.

mademoiselle de Longueville une requête toute dressée, dont l’objet étoit d’engager le parlement de Rouen à proscrire le ministre par un arrêt. Ils attendoient beaucoup d’effet de cette pièce, parce que le duc de Longueville étoit gouverneur de Normandie ; et ils firent observer à sa fille que c’étoit l’unique moyen de procurer sa liberté. Il falloit un tel motif pour la déterminer à signer une requête séditieuse. Cette démarche, qu’elle fit malgré elle, n’eut aucune influence sur les affaires. Les princes sortirent de prison [13 février] ; Mazarin s’éloigna momentanément, et la requête ne fut pas présentée.

Cependant le prince de Condé, se croyant tout puissant, ne ménagea pas assez l’esprit de la Reine, qui continuoit à se conduire d’après les conseils de Mazarin, dont elle ne s’étoit séparée qu’à regret. Séduit par les flatteries de ses partisans, cédant aux instances de madame de Longueville qui ne trouvoit son bonheur que dans le trouble et les factions, il ralluma imprudemment la guerre, et fit de grands efforts pour entraîner le duc de Longueville dans son parti. Ce prince pouvoit le servir très-utilement, parce qu’il disposoit en quelque sorte de la Normandie ; et la cour, sentant la nécessité d’empêcher cette union qui auroit eu les suites les plus funestes, prit le parti de s’adresser à mademoiselle de Longueville, dont elle connoissoit le mérite et les bonnes intentions.

Servien, qu’elle avoit autrefois connu en Westphalie, fut chargé de solliciter son entremise dans cette grande affaire ; et, convaincue qu’elle serviroit en même temps l’État et sa famille, elle se prêta vo-