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NOTICE

lontiers à faire ce qu’on exigeoit d’elle. Vainement les amis de sa belle-mère la menacèrent-ils de son ressentiment : elle fut inébranlable dans la résolution qu’elle avoit prise. « Je ne craignois guère, dit-elle, ce que je n’aimois pas. » Elle fit facilement sentir à son père que son devoir et son intérêt s’accordoient pour le porter à ne plus entrer dans les factions ; et comme il estimoit peu son épouse, il résista sans peine à ses insinuations et à ses prières. Dès ce moment mademoiselle de Longueville reparut à la cour, et elle y fut accueillie comme ayant rendu à l’État un éminent service.

À cette époque, la famille de l’infortuné Charles Ier, étoit en France ; et le duc d’Yorck, frère de Charles ii, forma le projet d’épouser mademoiselle de Longueville. La reine d’Angleterre, avant de faire aucune démarche près de cette princesse, crut convenable de s’assurer du consentement de la Régente ; elle chargea donc madame de Motteville de la sonder à cet égard. « Je le fis, dit cette dame ; la Reine me répondit que ce prince, étant fils de roi, étoit trop grand pour le pouvoir laisser marier en France ; et, par cette raison politique, l’affaire ne put réussir. Ce prince en fut fâché : il estimoit cette princesse ; sa vertu et sa personne lui plaisoient ; et ses richesses, étant héritière du comte de Soissons, lui auroient été aussi fort agréables, car alors il n’en avoit pas beaucoup. En tout temps, ce mariage étoit convenable à lui et à elle. » Il ne paroît pas que cette décision ait contrarié mademoiselle de Longueville ; et soit qu’elle n’eût pas de goût pour le duc