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SUR LA DUCHESSE DE NEMOURS.

d’Yorck, soit qu’elle sût habilement dissimuler son humeur, elle ne parut pas moins bien avec la Régente.

Un duel fameux, qui eut lieu en 1652, influa beaucoup sur la destinée de la princesse. Le duc de Nemours, de la maison de Savoie, avoit eu quelque temps auparavant une dispute fort vive avec son beau-frère le duc de Beaufort ils se battirent derrière l’hôtel de Vendôme, et le premier fut tué. Henri de Savoie, son frère, avoit embrassé l’état ecclésiastique, pour lequel on lui croyoit de la vocation : il étoit nommé à l’archevêché de Reims, mais il n’avoit pas encore pris les ordres sacrés. Ce jeune prince étoit aimable, il possédoit une instruction variée, et sa foible santé sembloit devoir le fixer dans une carrière qu’il pouvoit parcourir avec éclat. D’ailleurs les biens que la maison de Nemours avoit en France étoient passés à ses nièces, et il ne lui restoit que son apanage de Savoie, qui montoit à vingt mille écus de rente.

Mademoiselle de Longueville, qui depuis la fin des troubles menoit une vie fort retirée, avoit depuis peu refusé la main du duc de Mantoue, et paroissoit décidée à ne pas se marier. Le hasard lui ayant fait connoître le nouveau duc de Nemours, la conformité de leurs goûts les rapprocha bientôt. Presque tous les jours le duc soupoit chez la princesse : ils s’entretenoient de littérature au milieu d’une société choisie ; et, après quelques mois d’un commerce où l’esprit seul paroissoit avoir part, ils prirent la résolution de s’épouser. Comme ils étoient parens, une dispense du Pape fut nécessaire ; et elle arriva dans le printemps de 1657.