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AVERTISSEMENT.

des cabales, elle sut avec une judicieuse prudence se garantir de ce dangereux torrent. Mais elle eut la douleur de voir que ce torrent funeste entraîna à ses yeux, malgré tous ses soins, un homme illustre, à qui le sang l’unissoit du lien le plus étroit.

Elle réitéra mille fois ses efforts pour ôter cet homme illustre à un parti qui lui fut si fatal dans la suite. Mais, n’ayant pu réussir dans ses desseins, elle sut parfaitement accorder ses devoirs de fille et de sujette ; et en conservant tous les sentimens de respect et d’attachement qu’elle devoit à son père, elle n’en conserva pas moins le zèle et la fidélité qu’elle devoit à son roi, pour qui naturellement elle avoit une vénération extrême, qui ne fit qu’augmenter sans cesse par les grandes qualités qu’elle voyoit briller dans ce sage monarque.

Enfin elle eut la joie de voir l’auteur de sa naissance sortir entièrement de ces malheureuses factions qui troubloient la France ; et elle en fut alors bien plus tranquille spectatrice, quoique l’amour qu’elle avoit pour sa patrie lui fît toujours voir avec beaucoup de douleur les mouvemens fâcheux qui l’agitoient, et que la charité dont cette pieuse héroïne a été depuis si vivement animée la portât dès lors avec ardeur à soulager tous les malheureux dont la misère venoit à sa connoissance.

C’étoit là ce qui faisoit ses principales occupations pendant ces temps de discorde ; car, ainsi qu’on l’a déjà remarqué, elle n’entra jamais dans aucun parti, elle ne fut jamais d’aucune cabale. Mais si son bon esprit l’empêcha de s’embarrasser dans ces dangereuses liaisons, sa pénétration fit qu’elle en