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AVERTISSEMENT.

sut en détail et à fond tous les divers intérêts et toutes les intrigues ; et comme elle avoit un discernement plein de justesse, elle sut démêler admirablement les différens caractères de tous ceux qui figuroient dans ces partis, ou qui en faisoient mouvoir les ressorts sans y paroître. Il n’y a donc jamais eu de main plus propre à écrire les Mémoires de son temps que celle de la personne éclairée qui a composé ceux qu’on donne ici, puisqu’elle étoit parfaitement instruite de toutes les choses dont elle parle, et qu’elle n’a écrit que par l’amour qu’elle avoit pour la vérité.

Au reste, qu’on ne soit pas surpris si l’on trouve dans ces Mémoires la peinture de quelques foiblesses dans de fort grands hommes de divers caractères. Il n’y a point de si beau tableau qui n’ait ses ombres : aussi n’est-il guère de vertus qui soient tout-à-fait exemptes de quelque tache. C’est pourquoi il n’est point étonnant que, parmi les plus grands hommes qui se sont distingués de nos jours dans les armes et dans la politique, il y en ait eu qui ont été quelquefois la victime de leurs passions. L’oubli de la religion, où étoient quelques-uns d’eux dans ce temps fatal, les assoupissoit, et les empêchoit de voir tout le danger de leurs égaremens. Mais lorsque, par un effet de la grâce, leurs cœurs furent retirés de leur assoupissement, le fonds de droiture et la justice qu’ils avoient les rendant propres à être des modèles dans le christianisme, ainsi qu’ils l’avoient été dans la guerre et dans la politique, le triomphe de la grâce parut en eux dans tout son éclat ; et ils édifièrent autant par leurs vertus solides et par leur piété reconnue, qu’ils avoient charmé par la vaste étendue de leur esprit,

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