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[1648] MÉMOIRES

ces Mémoires, il est à propos que je remarque quel fut le sujet du premier mécontentement de la cour contre le parlement avant la Fronde, et que je n’attende pas à dire dans un autre endroit que le Roi étant tombé dangereusement malade de la petite vérole[1], la Reine, M. le duc d’Orléans et M. le prince recherchèrent messieurs du parlement, et eurent pour eux de très-grands ménagemens, dans la vue que si le Roi venoit à mourir, ils pourroient avoir besoin d’eux pour une nouvelle régence. De sorte que ces démarches les avoient tellement gâtés et accoutumés à une si grande considération, que le Roi ne pouvoit prendre de conjonctures moins propres à se faire obéir que celle qu’il prit d’aller au Palais sitôt qu’il fut guéri, pour y porter plusieurs édits, dont il y en avoit quelques-uns qui étoient fort à la charge du peuple ; d’autres qui portoient suppression des gages des officiers ; d’autres, la création de quantité de charges de maîtres des requêtes ; d’autres encore qui contenoient un réglement par lequel celles des officiers qui viendroient à mourir seroient remises aux coffres du Roi, pour être vendues à qui bon lui sembleroit, et qui par conséquent devoient être perdues pour leurs familles.

[1648] Messieurs du parlement, quoique très-mécontens de ces édits, ne le parurent pourtant pas trop lorsqu’on les leur porta. Mais comme ce n’est point en la présence du Roi que se font les difficultés, ils résolurent ensuite de députer à la Reine pour lui faire

  1. De la petite vérole : Louis xiv fut attaqué de cette maladie le 10 novembre 1647 ; il avoit alors neuf ans. On trouvera dans les Mémoires de madame de Motteville le détail de toutes les intrigues auxquelles cette maladie donna lieu.