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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1648]

de très-humbles remontrances, et lui représenter que ces édits ne pouvoient être vérifiés. Or cela n’étoit point contre la coutume de faire de ces sortes de remontrances, non plus que de ne pas vérifier tous les édits que l’on proposoit : au contraire, cela se pratiquoit même assez souvent sans que la cour y trouvât à redire. Mais pour ceux-ci ce ne fut pas la même chose : non-seulement elle ne voulut pas consentir qu’ils pussent être mis en délibération, elle ne voulut pas même écouter les députés du parlement là-dessus.

Les maîtres des requêtes firent une députation en leur particulier, de laquelle on ne fit pas plus de cas. Mais comme ils y étoient les plus intéressés, parce que la perte de leurs charges ruinoit entièrement leurs familles, ils firent d’abord bien plus de bruit que tous les autres officiers, et animèrent encore ceux du parlement, quoiqu’ils fussent déjà assez animés. Ceux-ci prirent une conduite plus sage et plus habile ; car, au lieu de parler de leurs intérêts, ils ne parlèrent que de celui du public, et déclarèrent qu’ils ne vouloient plus vérifier d’édits contre le peuple, qui n’étoit déjà que trop misérable. Cette déclaration, qu’ils prirent grand soin de répandre dans la ville, eut un tel succès que le peuple en vint jusqu’à l’adoration pour eux, et leur fit juger, par ses emportemens déréglés d’applaudissement et de reconnoissance, qu’il étoit prêt à sacrifier toutes choses pour leur défense.

Le parlement, se voyant si bien soutenu, en devint beaucoup plus fier et beaucoup plus redoutable. Toutes les compagnies souveraines, jointes au corps de ville, demandèrent l’union pour mieux défendre. leurs communs intérêts. Le cardinal, ayant été averti