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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES voir se mettre en état de faire ses affaires par ce moyen. Pour M. de Longueville, quoiqu’il eût dû être mal content de n’avoir point eu de part au secret des négociations qui s’étoient faites à Munster (¹) entre les plénipotentiaires pour la France, où il avoit été aussi en qualité de plénipotentiaire lui-même, cela ne l’avoit pourtant point fâché. Ce ne fut donc pas ce qui l’obligea à se déclarer contre la cour ; mais le cardinal, qui ne le connoissoit point assez pour ne pas craindre qu’il n’eût là-dessus tous les sentimens qu’il devoit avoir, et que pour se venger de lui il ne publiât qu’il avoit empêché la paix, trouva sans y penser, en voulant l’apaiser sur ce qu’il ne sentoit point, le secret de le fâcher véritablement. . Il savoit qu’il désiroit sur toutes choses le gouvernement

du Havre, qui étoit la seule place importante qu’il n’eût point en Normandie, et qui pouvoit le rendre maître absolu de toute cette province. Il lui fit donc espérer cette place par le nommé Priolo, mais sans avoir pourtant aucun dessein de la lui donner, ne pensant à autre chose qu’à en faire durer davantage la négociation par cette espérance, de laquelle il ne vouloit simplement que l’amuser et l’éblouir. Et comme la chose touchoit trop vivement M. de Longueville pour la pouvoir négliger, il la pressa tant que Priolo le vint assurer de la part du cardinal qu’il la lui donneroit ; mais enfin son impatience força le cardinal à se découvrir entièrement, et à lui déclarer tout net qu’il ne la lui avoit jamais promise. (1) Des négociations qui s’étoient faites à Munster : Elles avoient été suivies des traités de Westphalie qui furent conclus en 1648, à l’époque des premiers troubles de la Fronde.