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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES « faisant de grands éclats de rire, le généralissime de << Paris. » Il est vrai que le prince de Conti ne répondit pas à l’espérance que l’on avoit conçue de son esprit. Madame sa sœur elle-même, qui l’obsédoit et qui le gouvernoit en ce temps-là, étoit bien aise qu’on n’eût pas meilleure opinion de lui, afin que tout lui fût attribué.

Marsillac (1) qui la gouvernoit absolument, et qui ne vouloit pas que d’autres eussent le moindre crédit auprès d’elle, ni même qu’ils parussent y en avoir, l’éloigna fort du coadjuteur, qui n’auroit pas été fâché de la gouverner aussi, et qui l’étoit beaucoup que cela ne fût pas.

Cet éloignement de madame de Longueville fit insensiblement deux partis dans la ville. On s’y étoit toujours défié d’elle, à cause de M. le prince. D’ailleurs on n’y avoit pas une fort grande opinion de sa bonne foi, et encore une plus mauvaise de Marsillac qui la gouvernoit ; et on savoit même qu’elle ne pouvoit être fâchée qu’on doutât de sa sincérité, parce qu’elle s’imaginoit qu’on l’en croyoit plus fine et plus habile : jusque-là que la crainte qu’on ne la crût capable de se plaire avec les esprits vulgaires, ou qui n’étoient pas dans une grande réputation, faisoit qu’elle n’osoit presque paroître honnête avec personne.

Le coadjuteur, de son côté, outre qu’il étoit fort caressant avec tout le monde, se piquoit d’une probité à l’épreuve et au-dessus de toutes sortes d’intérêts. En effet, il n’en avoit point de médiocres : il ne (1) Marsillac : François de La Rochefoucauld. Ses Mémoires font partie de cette série.