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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649] mença à mettre le mot de fronde en usage, après que Bachaumont (1), en faisant comme les autres de ces huées ordinaires, eut dit qu’il alloit fronder l’avis de son père, qui étoit le président Le Coigneux, père du dernier mort.

On avoit mené le Roi à Saint-Germain le 6 janvier de cette année, lorsqu’on y sut que M. le prince de Conti et madame de Longueville étoient arrivés à Paris le 10, et que M. le prince, soupçonné d’y avoir fait venir son frère, étoit à un de ses quartiers, qui n’étoit éloigné que d’un quart de lieue de la ville. Cela fit croire qu’il s’y alloit jeter lui-même : ce qui mit la Reine et M. le cardinal dans une appréhension mortelle ; mais cette crainte fut bientôt dissipée par son retour.

M. le prince, soit pour ôter les soupçons qu’on pouvoit avoir eus de lui là-dessus, ou bien pour suivre les mouvemens de la colère où il étoit de voir qu’on s’op posoit à la réduction de Paris qu’il avoit entreprise, dit des choses si terribles de son frère et de sa sœur, qu’il ne falloit être guère éclairé pour pouvoir croire que ce fût un jeu joué entre eux. Il devint si furieux d’abord que personne n’osoit l’aborder, et puis tout d’un coup il revint chez la Reine avec un certain air libre, comme s’il n’avoit jamais été fâché ; et tenant par la main un petit bossu (2) qu’il lui menoit, paré d’une casaque dorée : « Voilà, lui dit-il, madame, en (1) Bachaumont : François Le Coigneux, alors conseiller-clerc au parlement de Paris. Il fit depuis avec Chapelle un Voyage mêlé de prose et de vers, qui a servi de modèle dans ce genre agréable et négligé.. (2) Un petit bossu : Le prince de Conti, qui commandoit l’armée parisienne, étoit contrefait.

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