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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649] 429 elle trouva, au contraire, qu’on ne s’y souvint que de la guerre qu’elle avoit suscitée et entretenue. La Reine la reçut donc assez froidement ; et le cardinal ne la fut voir que pour la remercier tout haut de lui avoir été toujours plus favorable que tous les autres qui avoient été comme elle opposés à son parti, croyant bien qu’il la décréditeroit dans le sien en lui parlant ainsi. Tout le monde en jugea de même en lui entendant faire un pareil compliment. M. le prince ne vint ni la voir ni la présenter, comme on pensoit qu’il l’avoit promis, s’excusant sur ce qu’il étoit malade : ce qui fit croire à madame de Longueville que c’étoit une mauvaise excuse. Elle en fit tant de plaintes qu’il fut obligé d’aller chez elle la bouche et les joues si enflées, qu’on vit bien que ses raisons n’étoient que trop bonnes. M. le prince, depuis la guerre de Paris, voyant que madame de Longueville gouvernoit M. le prince de Conti, qu’elle avoit du crédit auprès de monsieur son mari, et qu’elle étoit comme à la tête d’un gros parti, jugea. qu’elle lui pourroit être utile, et avec la même facilité se porta à un accommodement avec cette princesse, pour qui il parut toujours depuis avoir bien de la considération. Il la fit entrer dans toutes les affaires les plus importantes, et ils n’agirent plus tous deux que de concert. M. le prince étoit charmé de la haine qu’on avoit pour lui à Paris, et de ce qu’il avoit fait accroire à des bourgeois de la ville qui étoient venus à Saint-Germain, qu’il ne se nourrissoit que d’oreilles de bourgeois de Paris. Il se piquoit de craindre si peu Paris, qu’il y vouloit aller seul avant la cour.