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[1649] MÉMOIRES

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[1649] MÉMOIRES. Cette haine dont il s’étoit tant moqué ne laissoit pas que de l’embarrasser ; il trouva l’invention, pour y être en sûreté, de faire courir sourdement le bruit qu’il étoit mal avec le cardinal, et, avant que d’y aller, de proposer des conférences avec M. de Beaufort et le coadjuteur : sur quoi il les fit donner dans le panneau. Il vint donc à Paris, et il les vit tous deux comme il avoit été proposé ; mais sitôt qu’il fut parti, il ne fut plus question ni de son accommodement, ni de sa brouillerie avec M. le cardinal. Le parlement, que ce prince avoit voulu perdre, et qui s’étoit déclaré si hautement son ennemi, eut la lâcheté de lui faire une députation dès qu’il fut arrivé : ce qui donna lieu à bien des écrits pour le blâmer de cette démarche, parce qu’ils n’étoient pas tous de cette opinion ; mais comme c’étoit à la pluralité des voix que cela se décidoit, il fallut bien que le moindre nombre cédât au plus grand. Un peu après, madame de Chevreuse revint en France avec autant de diligence que de secret, et sans la participation de la cour. Sitôt qu’elle y fut arrivée, le cardinal, s’imaginant qu’elle pouvoit lui être utile dans la conjoncture des affaires présentes, lui manda que la Reine vouloit bien qu’elle vînt à la cour, où elle fut parfaitement bien reçue, et où même on lui fit donner de l’argent.

Il y avoit quatorze ou quinze ans qu’elle n’avoit été en France, hors deux ou trois mois seulement au commencement de la régence : ce qui étoit cause qu’elle n’y avoit plus d’habitude ; mais elle avoit tant d’art et de savoir faire pour les intrigues, qu’elle n’y fut pas long-temps sans y être dans une très-grande.