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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649] Conti. Mais il en arriva tout autrement : car dès qu’ils furent assemblés, sans se souvenir de ce qui les y avoit obligés, ils se mirent à fronder contre la cour et contre le cardinal ; ce qui fut cause qu’il prit encore un peu plus de soin de rompre ces assemblées, qu’il n’en avoit pris de les faire : et on ne parla plus des tabourets. Ces assemblées finies, il parut une manière de calme dans le royaume, dont peu de gens étoient contens ; et insensiblement toute l’aversion qu’on avoit eue pour le cardinal se tourna contre M. le prince et contre toute sa maison, à laquelle ils contribuoient plus que.. tous leurs ennemis : car enfin ils trouvoient que c’étoit sé donner un ridicule que de témoigner quelque attention à se faire aimer. Aussi est-il certain que, dans ce temps-là, M. le prince aimoit mieux gagner des batailles que des cœurs. Dans les choses de conséquence ils s’attachoient à fâcher les gens, et dans la vie ordinaire ils étoient si impraticables qu’on n’y pouvoit pas tenir. Ils avoient des airs si moqueurs, et disoient des choses si offensantes, que personne ne les pouvoit souffrir. Dans les. visites qu’on leur rendoit, ils faisoient paroître un ennui si dédaigneux, et ils témoignoient si ouvertement qu’on les importunoit, qu’il n’étoit pas malaisé de juger qu’ils faisoient tout ce qu’ils pouvoient pour se défaire de la compagnie. De quelque qualité qu’on fût, on attendoit des temps infinis dans l’antichambre de M. le prince ; et fort souvent, après avoir bien attendu, il renvoyoit tout le monde, sans que personne eût pu le voir. Quand on leur déplaisoit, ils poussoient les gens à la dernière extrémité, et ils n’étoient capables d’aucune reconnoissance pour les services qu’on