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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES leur avoit rendus. Aussi étoient-ils également haïs de la cour, de la Fronde et du peuple, et personne ne pouvoit vivre avec eux. Toute la France souffroit impatiemment ces mauvais procédés, et surtout leur orgueil qui étoit excessif.

Mais si l’aversion qu’on avoit pour eux étoit grande, la crainte l’étoit encore davantage. Elle l’étoit même à un point que ; pour la pouvoir imaginer, il faudroit l’avoir vue. Tout le monde auroit bien voulu être délivré d’eux, mais personne n’avoit assez de courage pour oser y travailler. D’ailleurs les chefs de la Fronde, que la persécution ni le blocus n’avoient pu abaisser, s’abaissèrent d’euxmêmes lorsqu’on les laissa en repos, tant par la présence du Roi que parce que le peuple les oublioit. Ainsi, jugeant entre eux qu’il falloit quelque nouveauté pour les ranimer, ils s’avisèrent d’envoyer La Boulaye pour publier par tout Paris qu’on vouloit assassiner M. de Beaufort, et puis pour faire crier aux armes dans toutés les rues. Mais cela n’émut et n’anima personne : et il n’en arriva autre chose sinon un décret contre La Boulaye, qui se trouva dans l’obligation de se cacher pour éviter la prison ; et voyant que cette tentative n’avoit pas réussi, ils voulurent en éprouver une autre. Joli, créature du coadjuteur, qui étoit syndic des rentiers de la ville, fit sa plainte au parlement qu’on avoit voulu l’assassiner, qu’il étoit fort blessé, et qu’on ne

lui en vouloit que parce qu’il soutenoit ceux à qui on vouloit faire perdre leurs rentes. Comme on jugea qu’il ne disoit pas vrai, ceux du parlement qui étoient pour la cour firent en sorte qu’on ordonna que quelques-uns de ces messieurs seroient députés pour vi-