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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

DE LA DUCHESSÉ DE NEMOURS. [1650] 445 Le duc de Richelieu devint amoureux de madame de Pons, quoiqu’assez laide et assez vieille. Elle fut si bien instruite par la maison de Condé, à qui elle en fit confidence, qu’elle engagea ce duc à l’épouser. Ils l’amenèrent à Trie pour faire son mariage, et ils envoyèrent ensuite au Havre pour s’en saisir au nom de M. de Richelieu : car madame d’Aiguillon tenoit encore cette place entre ses mains, comme tutrice de son neveu.

Cet événement fit un furieux bruit à la cour, mais bien moins pour le mariage que pour le Havre (¹), parce que l’un paroissoit bien plus important que l’autre. Sur cette nouvelle on affecta de publier que M. de Longueville étoit le maître absolu de la Normandie, qu’il alloit s’en faire le souverain, et qu’il y avoit long-temps qu’il avoit cette pensée, quoiqu’il ne l’eût jamais eue. On ajouta encore à cela que M. le prince se cantonnoit dans la Bourgogne, et qu’il y avoit peu d’endroits dans le royaume où il n’eût du pouvoir et dont il ne pût se rendre le maître. Quoique M. le duc d’Orléans se laissât extrêmement gouverner, il ne laissoit pas pourtant d’avoir bien de l’esprit ; ainsi il comprit que si tout ce qu’on publioit n’étoit pas vrai, il pouvoit toujours y en avoir assez pour lui nuire. On lui découvrit ensuite que ce qui rendoit M. le prince si hardi à entreprendre étoit qu’il se tenoit sûr que La Rivière lui feroit trouver tout bon ; et comme on s’aperçut que tous ces discours commençoient à le dégoûter de son favori, on con(1) Pour le Havre : Condé fut trompé dans son attente ; car de Bar, gouverneur du Havre, détermina le jeune duc de Richelieu à demeurer fidèle à la Reine et à sa tante.