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[1649] MÉMOIRES

tinuaà lui en dire tant qu’enfin on parvint à le perdre. Après cela on fit voir à M. le duc d’Orléans l’écrit qui contenoit le dernier accommodement de la cour avec M. le prince, lequel avoit comme forcé le cardinal à le faire, et qui étoit entièrement opposé aux droits et à l’autorité de la charge de lieutenant général du royaume : ce qui acheva de déterminer le duc d’Orléans à conclure la prison de M. le prince.

Madame d’Aiguillon fut la première qui eut la hardiesse de la proposer ; et le coadjuteur la négocia après avec madame de Chevreuse, sans en donner aucune part à madame d’Aiguillon.

La Reine et M. le cardinal parurent avoir toujours fort sur le cœur le prétendu assassinat de M. le prince, et vouloir lui aider à s’en venger ; mais M. le duc d’Orléans, bien loin d’en faire de même, et de continuer d’aller au Palais comme il avoit commencé, après avoir monté les degrés jusqu’à la Sainte Chapelle, feignit de se trouver mal, et s’en retourna. Le lendemain il manda qu’on ne l’attendît plus pour les assemblées, parce qu’il étoit encore malade. M. le prince, voyant ce changement, en fit des reproches à La Rivière, qui lui donna les meilleures excuses qu’il put, sans lui vouloir avouer qu’il n’étoit plus bien auprès de son maître.

M. le prince, croyant avoir rendu le Mazarin tout à-fait méprisable, voulut aussi rendre la Reine ridicule, dans la créance que tout le monde l’abandonneroit ; et pour cela il persuada à Jarzay qu’elle avoit de la bonne volonté pour lui, qu’il devoit pousser sa bonne fortune ; et enfin il lui en dit tant qu’il l’engagea à parler d’amour à cette princesse dans une