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[1649] MÉMOIRES

[1650] MÉMOIRES du monde, il ne répondit autre chose, selon sa coutume de ce temps-là, sinon qu’il le falloit pourtant bien, parce qu’il le vouloit. La Reine se trouva donc forcée à le voir ; mais l’audace de ce prince ne servit qu’à en avancer un peu davantage sa prison, la cour en ayant été plus irritée que de tout ce qu’il avoit osé faire et entreprendre auparavant. M. le prince continuant à son ordinaire d’outrager la Reine, d’insulter le cardinal et de pousser à bout les frondeurs, agissoit pourtant et vivoit avec autant de confiance que s’il avoit vécu d’une manière à ne se point faire d’ennemis, et comme s’il n’avoit eu rien à craindre. Ce qui fait bien voir que presque tous les grands princes, et même ceux qui deviennent des plus modérés et des plus judicieux dans la suite de leur vie, sont dans leur jeunesse aussi persuadés qu’on les craint, que

les belles femmes ou celles qui se piquent de l’être sont persuadées qu’on les aime ; et qu’il n’est pas plus aisé de détromper celles-ci des effets de leurs charmes, qu’il est facile de persuader les autres de la terreur que cause leur nom. Ce qui devoit plus contribuer à donner du soupçon à M. le prince, c’est que le bonhomme Broussel se trouva accusé de son assassinat ; et comme il n’étoit pas même capable de s’en faire soupçonner, on n’eut pas de peine à comprendre qu’il n’avoit été mis dans ce procès que pour achever de mettre mal M. le prince avec le peuple, lequel adoroit encore ce vieillard. Toutes ces particularités firent tant de peur à ceux qui étoient attachés à la maison de ce prince, que beaucoup de gens lui donnèrent des avis là-dessus. Mais véritablement il les reçut si mal, qu’au dix-sep-