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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1651]

pour entrer en France ; et même ces troupes avoient déjà pris Rethel, que l’armée du Roi songea à reprendre peu de temps après.

Dès que le cardinal fut à Paris, il en repartit aussitôt pour se rendre sur cette frontière, où tout alla si avantageusement pour lui que Rethel fut repris[1], et que le maréchal Du Plessis-Praslin gagna une bataille contre M. de Turenne. Mais ce qu’il y eut de bizarre. pour le ministre, c’est que ses affaires non-seulement n’en allèrent pas mieux à Paris, mais qu’au contraire elles en allèrent encore beaucoup plus mal, et que l’appréhension de le voir devenir trop puissant fit que l’on s’acharna plus que jamais contre lui.

[1651] La cour dans cette conjoncture étoit à Paris, où elle se croyoit triomphante et au-dessus de toutes sortes de craintes et même de précautions ; et quoiqu’elle fût bien éloignée de tout ce qu’elle pensoit là-dessus, cette assurance et cette prévention de la Reine firent qu’on ne put lui persuader d’aller au Louvre, d’où elle eût pu sortir de la ville dès qu’elle en auroit eu envie : au lieu qu’étant au Palais-Royal, elle se trouvoit obsédée et enfermée par tout le peuple, et même encore proche des halles, d’où la plus tumultueuse sédition venoit d’ordinaire. L’envie d’avoir des appartemens plus beaux et plus commodes contribua peut-être aussi un peu à son entêtement là-dessus, quoiqu’elle n’eût pas dû oublier qu’au temps des Barricades ce même logement l’avoit forcée à rendre Broussel et Blancménil.

Ce qui commença à lui faire connoître que la crainte

  1. Rethel fut repris : Mazarin avoit gagné le gouverneur de cette place, et la bataille que perdit ensuite Turenne fut livrée le 15 décembre 1650.
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