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[1651] MÉMOIRES

qu’on avoit d’elle et du cardinal n’étoit pas si grande à Paris qu’ils se l’étoient imaginé tous deux, c’est qu’un matin on y trouva le portrait de ce ministre avec une corde passée dans la toile qui représentoit son effigie : et c’est aussi ce qui commença à l’intimider, et à diminuer de beaucoup cette grande assurance qu’il avoit auparavant.

Pendant cela, M. de Beaufort allant un soir par la ville, quelques hommes s’approchèrent de son carrosse, et en tuèrent un qui étoit dedans à la portière. Cette aventure fit assez de bruit pour réveiller l’animosité du peuple. Tout le monde dit qu’on en vouloit au maître, et que comme ce mort étoit fort blond on l’avoit pris pour lui.

Du côté de la cour, on y tenoit un langage bien différent. On y soutenoit que le mort n’avoit pu être pris pour M. de Beaufort, parce qu’il avoit les cheveux noirs. Si bien que Saint-Eglan (c’étoit le nom du mort) avoit des cheveux selon le parti qu’on embrassoit ; et d’ailleurs c’étoit un homme si peu connu, qu’il n’étoit pas malaisé de le peindre des couleurs qu’on vouloit lui donner.

Après cela, on publia à la cour que cet assassinat venoit du parti des princes. On disoit aussi que cette mort étoit une Joliade renforcée, et que la feinte de la blessure de Joli, que l’on avoit déjà supposée avant la prison des princes pour échauffer le peuple, n’ayant pas eu le succès qu’on désiroit, on avoit voulu cette fois sacrifier un homme tout de bon, pour voir si cela réussiroit mieux. Mais ce qui dénoua entièrement toute cette intrigue fut une capture de voleurs qui fut faite dans ce temps-là, et parmi lesquels on trouva ceux