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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1652]

jamais contre la cour. L’animosité devint même si grande qu’elle porta la guerre et le feu dans bien des lieux du royaume ; et la cour se trouva forcée de laisser là M. le prince jusqu’à un autre temps pour se rapprocher de Paris. Mais, avant que d’en être bien proche, on attendit le retour du cardinal Mazarin, que le maréchal d’Hocquincourt ramena[1].

[1652] Ce cardinal mit son prétexte de revenir sur ce que, sachant que le Roi avoit la guerre contre M. le prince, il lui amenoit des troupes pour le se-. courir ; mais ce fut un secours bien malheureux, qui fit perdre bien des places à la France, qui causa la mort à bien des gens, et qui fit bien plus d’ennemis à la Reine que ces troupes n’en pouvoient détruire.

Le prince Thomas étoit ravi de tous ces mouvemens, parce qu’il étoit persuadé que les avantages qui lui en revenoient, lui étant procurés par le cardinal, s’augmenteroient à son retour ; et il ne se défioit que de ceux qui l’avoient véritablement favorisé. Mais il fut bien surpris ensuite de voir son crédit si diminué au retour de ce ministre, qu’on le réduisit à ne se plus mêler de rien.

La Reine cependant ne laissa pas pour cela de l’aimer toujours ; mais il n’en fut qu’un peu plus malheureux encore : car le cardinal, qui ne le croyoit pas si simple qu’il étoit, le regarda toujours depuis comme un homme qui avoit voulu prendre sa place.

Châteauneuf fut chassé de la cour, et Villeroy ne demeura que par sa grande adresse et son extrême

  1. Que le maréchal d’Hocquincourt ramena : Mazarin rentra en France au commencement de janvier 1652, et il arriva à Poitiers, où étoit la cour, le 28 du même mois.