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[1652] MÉMOIRES

soumission. La Reine étoit dans le plus malheureux état du monde : toute la France ne lui pouvoit pardonner qu’elle s’opiniâtrât à maintenir toujours ce ministre dans les affaires, malgré tout ce qui en pouvoit arriver ; et ce ministre ne.lui vouloit guère moins de mal, de ce qu’il avoit connu qu’elle ne vouloit pas qu’il revînt. Il résolut donc à son retour, voyant le Roi majeur, de se conserver bien auprès de lui, indépendamment de la Reine, et même d’éloigner cette princesse des affaires aussi bien que des bonnes grâces du Roi : à quoi il a toujours travaillé depuis, ainsi qu’en portent témoignage ceux qui sont bien instruits de tout ce qui se passa de plus secret sous la régence.

On étoit donc agité par divers intérêts et par diverses inquiétudes à la cour, lorsqu’enfin le cardinal y arriva avec le maréchal d’Hocquincourt, qui commandoit son escorte. On crut y revoir ce ministre dans la même puissance qu’il y avoit toujours eue : et la Reine affecta d’être transportée de joie de son retour, quoique l’on ait bien su depuis qu’elle n’en eut pas tant.

Il est vrai néanmoins que d’abord elle se trouva soulagée d’avoir quelqu’un sur qui elle pût se reposer, et qui la déchargeât de l’embarras de toutes les affaires ; mais cela ne dura pas long-temps, et elle auroit bien voulu dans la suite avoir moins de loisir et plus de peine, et avoir conservé toute son autorité. Mazarin ne lui parloit plus de rien, et il ne témoignoit pas même avoir pour elle toute la déférence qu’il lui devoit ce qui parut fort étrange à la. Reine, parce que, dans l’absence du cardinal, les ministres l’avoient accoutumée à recevoir d’eux des marques qu’ils