Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/113

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bien traitée. Elle en a fait pénitence par son repentir, et point du tout par aucun reproche que ce prince lui en ait fait.

Aussitôt après cette malheureuse indiscrétion, ce même peuple, qui venoit de combler le Roi de souhaits pour sa prospérité, ne manqua pas de se tourner contre lui, et de se laisser gagner à ses ennemis. Les peuples se mutinèrent dans Londres, et le Roi fut contraint d’en sortir, lui et toute la famille royale. Le lendemain de sa sortie de Whitehall, on vit six mille hommes, chacun un bâton à la main, où ils avoient attaché au bout un papier avec ce mot : Liberté.

Le Roi et la Reine n’allèrent pas plus loin que Hamptoncourt. Ils vouloient voir ce que deviendroient ces désordres, et croyoient être toujours en état d’en sortir quand il leur plairoit ; mais ils se trompèrent, car le parlement envoya un ordre à toute la noblesse de se mettre sous les armes, et empêcher le Roi de s’en aller plus loin. Dans cette extrémité, ils firent semblant de ne point vouloir quitter leur maison, et montrèrent ne penser qu’à se divertir. Le Roi cependant fit dessein de s’échapper et de s’en aller à Hull en Yorkshire, qui est une place forte où il y avoit un magasin d’armes qui lui étoit nécessaire. Elle lui étoit encore commode parce que c’étoit un port de mer, et que cette province, voisine de l’Écosse, lui étoit affectionner ; mais ne voulant pas laisser sa famille au pouvoir du parlement, il fit courir le bruit que la Reine vouloit aller conduire la princesse royale en Hollande. C’étoit une chose nécessaire de la mener à son mari le jeune prince d’Orange, qu’elle avoit épousé depuis peu. Ils