Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/20

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dre, non-seulement par son habileté, mais par ses manières si agréables qui pourroient le faire aimer de la Reine. Ils ne furent pas assez persuadés de cette vérité pour rien faire de toutes les choses qui auroient pu les maintenir dans le crédit où ils étoient, et eurent une trop grande opinion de leurs forces pour croire avoir besoin de se lier ni avec le cardinal ni avec Chavigny, dont les amis servirent à soutenir le cardinal Mazarin, et qui étoit moins à craindre pour eux, parce qu’il avoit moins de dignités, et qu’il étoit haï de la Reine. Les princes de Vendôme ayant manqué ce coup, et refusé cette liaison avec le cardinal Mazarin, la fortune de ce ministre prit un autre tour, et ce fut seulement pour aller plus vite et pour faire voir l’inconstance des choses de ce monde. Je sais de la Reine qu’un soir des premiers jours de sa puissance elle avoit demandé à milord Montaigu, qui lui parloit souvent du cardinal Mazarin, si elle pouvoit se fier à lui, et de quelle humeur il étoit ; et que lui ayant dit, pour le bien louer, qu’il étoit en tout l’opposé du cardinal de Richelieu, cette réponse lui parut une si grande louange, par la haine qu’elle avoit pour la mémoire du mort, qu’elle aida fort à la déterminer à se servir de lui. Et quand elle eut pris cette résolution, elle s’y confirma tous les jours tellement qu’elle s’y rendit inébranlable ; et, comme premier ministre, il prit la coutume, ainsi que je l’ai dit, de venir les soirs chez la Reine l’entretenir : et cette conférence commença dès lors à s’appeler le petit conseil. Il demeuroit long-temps avec elle, et lui rendoit compte des affaires étrangères, dont il étoit le maître du vivant du feu Roi.