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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/35

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parmi ses bonnes qualités, dont j’ai déjà parlé ailleurs, sa fermeté, qui en étoit une, n’étoit point accompagnée de douceur, ne pouvant s’accommoder de la faveur naissante du cardinal Mazarin, elle blâma le choix de la Reine avec une liberté qui tenoit de la rudesse. Le commandeur de Jars revint aussi de Rome, le lieu de son dernier exil. Celui-là avoit connu à Rome le cardinal Mazarin : et par conséquent il se rangea facilement aux inclinations de la Reine sur ce sujet, et devint son ami, ou tout au moins en fit le semblant ; mais jamais il ne put l’être tout-à-fait, à cause des grandes liaisons qu’il avoit avec Châteauneuf. Il avoit de la probité, de l’esprit et du courage à soutenir ses sentimens ; mais il étoit de son naturel l’homme du monde le plus injuste dans ses jugemens, et le plus emporté. Il arriva depuis que, voyant le cardinal Mazarin persécuter ou éloigner ses amis de la cour, et particulièrement celui-là, il vint à le haïr d’une haine mortelle, quoiqu’en effet le cardinal Mazarin lui fît recevoir beaucoup de grâces de la Reine, et qu’il les reçût de la main du ministre ; parce que la Reine voulut toujours, dans le cours de sa régence, que ses créatures lui eussent l’obligation de ce qu’elle leur donnoit, afin de les obliger de s’attacher à lui. Par cette raison, le commandeur le devoit considérer et servir, car il lui fit du bien, c’est-à-dire en gardant une entière fidélité à ses autres amis, et en les servant auprès du ministre, sans lui faire en son particulier aucune injure. Mais il n’observa pas cette exacte justice à son égard.

Voilà donc la cour belle et grande, mais bien embrouillée. Chacun pensoit à son dessein, à son intérêt