Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/46

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rend, comme si cette paix eût été nécessaire an bonheur de la France, et au sien en son particulier. Je ne vis jamais, selon mon avis, une momerie si complète ; car enfin la chose de soi n’étoit rien : et chaque jour il arrive de ces aventures et de pires, non-seulement aux particuliers, aux princes et princesses, mais aux rois et aux reines. Les têtes couronnées sont de toutes façons les plus exposées à l’injustice de la médisance ; les plus raisonnables ne s’avisent pas seulement de les sentir, ni de les vouloir punir : ils savent et doivent connoître que c’est un mal irrémédiable[1]. Il fut donc arrêté que la criminelle iroit chez madame la princesse le lendemain, où elle devoit dire que le discours qui s’étoit fait de la lettre[2] étoit une chose fausse inventée par de méchans esprits ; et qu’en son particulier elle n’y avoit jamais pensé, connoissant trop bien la vertu de madame de Longueville, et le respect qu’elle lui devoit. Cette harangue

  1. C’est un mal irrémédiable. Après cette observation on trouve dans le manuscrit la réflexion suivante : « Il n’y a point de lieu au monde comme notre France, où les langues soient plus licencieuses et les esprits plus déchaînés à mal juger et à mal parler de leurs souverains. On peste librement contre le Roi et contre ses ministres, et chacun se mêle de les censurer fort librement, sans que personne le trouve mal à propos. Enfin ce qui ne devoit fâcher personne, ou qui par prudence devoit être dissimulé, la fatalité voulut qu’en cette rencontre ce fut une chose de grande considération. »
  2. Je suis obligée de dire ici qu’on a su certainement que cette lettre, trouvée chez madame de Montbazon, étoit écrite à Maulevrier par une dame fort indigne (*) d’être comparée à madame de Longueville.
    (*) Par une dame fort indigne : Cette dame était madame de Fouquerolles (Jeanne-Lambert d’Herbigny). Il existe, dans le volume manuscrit où se trouve le commencement de l’ouvrage de madame de Motteville, des Mémoires de madame de Fouquerolles, page 1375. Mémoires n’offrent aucun intérêt.