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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/50

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choses qui en effet arrivèrent le lendemain et le soir même, ce que c’est qu’une personne souveraine quand elle est en colère, et qu’elle peut tout ce qu’elle veut. Ce même soir, le duc de Beaufort revenant de la chasse qui fut peu de jours après l’exil de madame de Montbazon, rencontra, en entrant au Louvre, madame de Guise et madame de Vendôme sa mère, avec la duchesse de Vendôme sa sœur, qui avoient accompagné la Reine tout ce jour. Elles avoient appris le bruit de cet assassinat, et vu l’émotion qui avoit paru dans le visage de la Reine. Elles firent ce qu’elles purent pour empêcher ce prince de monter en haut, et lui dirent que ses amis étoient d’avis qu’il s’absentât pour quelques jours, afin de voir ce qu’il devoit faire ; mais lui sans s’étonner continua son chemin, et leur répondit ce que le duc de Guise avoit répondu à un billet qui l’avertissoit qu’on le devoit tuer : « On n’oseroit. » Il étoit encore enivré de l’opinion de sa faveur : il avoit vu la Reine le matin ou le soir du jour précédent, qui lui avoit parlé avec la même douceur et familiarité ordinaire, et il ne s’imagina pas que sa destinée pût changer si facilement. Il entra donc chez la Reine dans cette sécurité. Il la trouva dans son grand cabinet du Louvre, qui le reçut aimablement, et qui lui fit des questions sur sa chasse, comme si elle n’eût eu que cette pensée dans son esprit. Elle avoit appris à bien dissimuler du feu Roi son mari, qui avoit pratiqué cette laide mais nécessaire vertu, plus parfaitement qu’aucun prince du monde ; mais enfin, après avoir satisfait par un beau semblant à tout ce que la politique l’obligeoit de faire, le cardinal étant arrivé sur cette douce conversation, la Reine se