Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’en eût la pensée. Mais ils trouvèrent en elle le même changement qu’on loua tant autrefois en Louis xii, qui, étant devenu roi, ne voulut point venger les querelles du duc d’Orléans ; et c’est ce qui a causé la plupart des désordres qui ont troublé sa régence.

La Reine, en arrivant à Paris, y trouva une aussi grande foule de peuple et de gens de qualité qu’il y en a dans les entrées pour lesquelles on fait les plus grands préparatifs. Depuis Nanterre jusqu’aux portes de cette grande ville, toute la campagne étoit remplie de carrosses ; et ce n’étoit partout qu’applaudissemens et bénédictions. Elle fut saluée à l’ordinaire par les cours souveraines, qui la regardoient comme celle qui, par sa piété et sa bonté naturelle, alloit rendre à la France le bonheur après lequel il y avoit long-temps qu’elle soupiroit, et dont elle avoit grand besoin. Ils voyoient entre les bras de cette princesse, qu’ils avoient vue souffrir de grandes persécutions avec beaucoup de fermeté, leur jeune Roi enfant, comme un présent du ciel donné à leurs vœux : ce qui augmentoit en eux l’amour et la fidélité que les Français ont naturellement pour leurs princes, et l’affection qu’ils avoient pour elle ; si bien qu’on peut dire que jamais régence n’a eu de si heureux commencemens, et que jamais reine de France n’a eu tant d’autorité ni tant de gloire. Monsieur ne lui contesta point la régence, plutôt par impuissance que faute de bonne volonté. On venoit de voir une régence sous Marie de Médicis, et l’on n’avoit point encore oublié celle de Catherine du même nom, auxquelles on ne l’avoit point contestée. Le feu Roi son mari, malgré le peu d’amitié qu’il avoit eu pour elle,