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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/7

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l’avoit déclarée Régente, et elle avoit l’amitié des peuples. Sa naissance étoit plus illustre que celle des deux princesses qui l’avoient précédée. Elle avoit beaucoup de créatures que ses malheurs avoient mises dans ses intérêts. Cela fit que le duc d’Orléans n’osa pas seulement former de souhaits contre une puissance si légitimement établie. Le prince de Condé, par son inclination, n’auroit pas été si docile. Il étoit jaloux de la maison de Vendôme, qu’il n’aimoit pas, et qu’il croyoit avoir mis dans l’esprit de la Reine les soupçons qui lui avoient fait doubler les gardes lors de la mort du feu Roi, et fait empresser le duc de Beaufort de paroître veiller à la sûreté de la famille royale. Mais l’exemple du duc d’Orléans l’obligea d’être sage ; et comme il eut peur de n’être pas aussi considéré qu’il le désiroit, il pria une personne[1], qui pour lors étoit bien dans son esprit, de parler de lui à la Reine, et, en l’assurant de ses bonnes intentions et de sa fidélité, lui faire voir qu’il étoit facile et en même temps nécessaire de l’entretenir dans ses intérêts. La Reine, qui lui avoit fait bonne mine, dans son ame ne l’aimoit pas. Il avoit beaucoup d’esprit et de savoir ; mais, outre qu’il étoit fort désagréable de sa personne, on l’accusoit de n’avoir pas trop de bonté, et d’avoir une grande avarice. La princesse sa femme, qui le haïssoit, et qui avoit une espèce d’ascendant sur la Reine qui l’aimoit fort, l’avoit entretenue dans l’aversion de son mari, jusqu’au point de travailler auprès d’elle à lui faire perdre son estime.

  1. Une personne : Selon le manuscrit, cette personne étoit le comte de Maure.