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dinaire. Cette illustre malheureuse alla s’enfermer dans une religion, où elle demeura quelque temps ; puis elle en sortit et vécut fort retirée, ne voyant que ses amis particuliers. Je n’osai plus l’aller voir, parce qu’en parlant d’elle à la Reine, et lui demandant en grâce qu’elle ne trouvât pas mauvais que je l’allasse voir, cette princesse m’avoit répondu froidement que j’étois libre, et que j’en pouvois user comme je voudrois. Je lui dis, en lui baisant la main, que je ne la voulois pas être pour faire jamais aucune chose qui pût lui déplaire ; et lui devant tout, et rien à madame de Hautefort que de la civilité et de l’estime, je m’engageai à la Reine de ne la plus voir. Le commandeur de Jars, beaucoup plus son ami que moi, qui ne manquoit pas de fidélité pour ses amis, en fit autant que moi, et ne la vit plus que quand elle se maria[1].

Voilà donc la cour sans trouble et la Reine sans importans. Tout le reste se rangea du côté du ministre, et chercha son établissement par sa protection. Il ne restoit plus auprès de la Reine que la marquise de Senecé, qui, n’étant pas mise de sa main, n’en pouvoit être aimée, d’autant plus qu’elle la vouloit gouverner à sa mode, et qu’elle avoit voulu placer l’évêque de Limoges, son parent, au premier degré de la faveur. Elle prétendit qu’on la fît duchesse, et qu’on déclarât ses petits-enfans princes, à cause du nom de Foix qu’ils portent ; de sorte qu’elle avoit de la peine à se voir contrainte sous une autorité qui resserroit son ambition dans les seules prérogatives de sa charge. Mais, comme elle étoit fort inégale, elle avoit de ces

  1. Quand elle se maria. Elle épousa le maréchal de Schomberg, duc d’Halluin.