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pendant plusieurs années, la suivant dans les petits voyages de Fontainebleau, jusqu’à ce que la guerre civile, le siège de Paris et les troubles furent assez grands pour interrompre souvent cet ordre : je veux dire à l’égard de notre assiduité, mais non à l’égard de la Reine, car c’étoit la personne du monde la plus égale dans toute la conduite de sa vie. Elle tenoit conseil les lundis et les jeudis : et ces jours-là elle étoit obsédée d’une foule de monde. Elle jeûnoit tous les jours commandés ; et, malgré son appétit, elle jeûnoit tout le carême entier. Étant à Paris, elle alloit tous les samedis à la messe à Notre-Dame ; et pour l’ordinaire elle demeuroit le reste de ce jour-là à son repos, prenant le plus grand plaisir du monde à se dérober à la presse qui l’environnoit ordinairement, mais qui s’étoit à la fin accoutumée à ne la pas tant importuner que les autres jours. Elle communioit règlement les dimanches et les fêtes. Les veilles des bonnes fêtes, elle alloit coucher au Val-de-Grâce, où elle avoit résolu de faire bâtir un nouveau monastère plus beau que celui qui y étoit quand elle en avoit été la fondatrice, et d’y joindre une église digne d’une Reine mère d’un si grand Roi : elle en avoit donné le soin à Tubœuf[1]. Elle demeuroit là quelques jours, retirée de tout le monde, et elle prenoit plaisir d’y faire des conversations avec des religieuses. Elle cherchoit les plus saintes, et s’accommodoit de celles qui n’avoient qu’un mérite médiocre ; mais quand elles avoient pu toucher son estime, elle les honoroit de son amitié. Les bons sermons et les plus sévères pré-

  1. À Tubœuf : Cet édifice fut bâti sur les dessins de François Mansard.