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cier aisément ceux qu’elle avoit considérés autrefois, on pesta hautement contre elle. Plusieurs écrits se firent pour décrier cette bonté dont chacun étoit persuadé avec tant de raison ; et cette vérité fut mise pour quelque temps au rang des choses douteuses, par ceux qui alors n’étoient plus assez heureux pour être contens.

On fit le bout de l’an du Roi avec les cérémonies ordinaires [mai 1644]. La Reine quitta son grand deuil, qui l’avoit fait paroître belle : l’âge de quarante ans, si affreux à notre sexe, ne l’empêchoit point d’être fort aimable. Elle avoit une fraîcheur et un embonpoint qui lui pouvoit permettre de se compter au rang des plus belles dames de son royaume, et nous l’avons vue depuis augmenter en âge sans perdre ces avantages.

Dans le commencement de cette année, on se prépara à la guerre. Le duc d’Orléans alla commander l’armée de Flandre, et le duc d’Enghien celle d’Allemagne. Nous verrons le premier conquérir quelques places, et le second battre les ennemis avec beaucoup de gloire et de réputation.

Le président Barillon et quelques autres principales têtes du parlement, qui avoient servi la Reine, n’étoient pas satisfaits de ce qu’ils n’étoient pas considérés comme ils l’avoient espéré. La première occasion qui se présenta de mutiner, ils le firent : ils commencèrent à se plaindre de ce que le chancelier au conseil cassoit tous les arrêts du parlement, et crièrent contre leur premier président, qui sembloit y consentir avec trop de complaisance. Ils s’assemblèrent et parlèrent contre l’autorité royale, censurèrent toutes